Articles > À la découverte du coréen
par Alexis UlrichLa langue coréenne m’a longtemps intrigué, et tout d’abord par son système d’écriture que je trouve esthétiquement agréable, bien que complètement abstrait avant de m’y être sérieusement penché dessus. C’est par cette porte d’entrée un peu particulière que j’ai commencé à découvrir cette langue et ses particularités.
Son écriture, le hangeul
L’histoire du hangeul, le système d’écriture du coréen, est intéressante à plus d’un titre, notamment parce qu’il est artificiel. Il a été inventé par le roi Sejong le Grand en 1443 pour remplacer plusieurs systèmes d’écriture et de transcription en caractères chinois, et permettre à toute la population d’accéder à la lecture et à l’écriture.
C’est aussi à la fois un alphabet et un syllabaire qui s’écrit sous forme de grille, ce qui le rend facile à apprendre de par sa régularité.
Le verbe se place à la fin
Le coréen a une structure Sujet-Objet-Verbe, c’est-à-dire que le verbe se place toujours à la fin de la phrase (ou de la clause grammaticale). Bref, il faut laisser parler l’autre sans l’interrompre si on veut savoir ce qui se passe.
Je mange une pomme se dit donc Je une pomme mange, soit 제가 사과를 먹어요 (jega sagwaleul meog-eoyo).
Les niveaux de langue
Les niveaux de langue s’expriment par le biais de particules qui s’ajoutent à la fin des verbes. Par exemple, le style poli informel utilise le suffixe 요 (-yo), comme dans l’exemple précédent de la pomme, 먹어요, alors que le style poli informel utilise le suffixe 니다 (-nida).
Il existe sept niveaux principaux selon le respect octroyé à la personne à qui on s’adresse, et autant de suffixes verbaux. Ceux-ci se combinent ensuite aux particules honorifiques en fonction de qui on parle, comme l’honorifique 씨 (-ssi) accolé à un nom de personne située au même niveau que le locuteur.
Les nombres
Deux types de nombres co-existent : ceux d’origine coréenne et ceux d’origine chinoise. Jusqu’à 99, on utilise les premiers, et au-delà les seconds, même si on peut encore utiliser les premiers pour les dizaines et les unités. Les heures utilisent les premiers (coréens) jusqu’à 12, et l’un ou l’autre au-delà, tandis que les minutes s’expriment exclusivement avec les seconds (sino-coréens).
Les jours utilisent en pratique un compteur numérique : 하루 haru (un jour), 이틀 iteul (deux jours), 사흘 saheul (trois jours), 나흘 naheul (quatre jours), 닷새 datsae (cinq jours)…
En résumé, c’est un peu compliqué de compter en coréen.
Vocabulaire et emprunts linguistiques
Le coréen comprend entre 60% et 70% de mots d’origine chinoise. On peut citer par exemple 부모 (bumo, du mandarin 父母, père/mère, pour parents), ou encore 학생 (haksaeng, du mandarin 學生, étude/étudiant, pour étudiant). Ils s’écrivent alors soit en alphabet hangeul, soit en caractère hanjas (les caractères chinois).
En Corée du Sud, les mots venant de l’anglais forment ce qu’on appelle le konglish, mot porte-manteau formé sur Korean et English, soit des emprunts directement réadaptés, soit des mots étant d’abord passés par le japonais.
Dans le premier groupe, on a par exemple 아이쇼핑 (ai-syoping, pour eye shopping au lieu de window shopping ou lèche-vitrine), ou encore 셀카 (selka, de self et camera ou selfie).
Dans le second, on peut citer 헬스클럽 (helseu-keulleop, ou salle de sport, de l’anglais health club, via le japonais ヘルスクラブ ou herusu-kurabu), ou encore 백미러 (baegmireo, ou rétroviseur, de l’anglais back et mirror, via le japonais バックミラー ou bakku-mirā).
Comme vous le voyez, le konglish promet des heures de recherches étymologiques à travers les péripéties des emprunts linguistiques.
Certains mots viennent aussi du français, même s’ils sont minoritaires (on en compterait une cinquantaine) : 바게트 (bageteu, baguette), 크레용 (keureyong, crayon), 시네마 (sinema, cinéma), 트롱프뢰유 (teurongpeuroeyu, trompe-l’œil), 쿠데타 (kudeta, coup d’État), 레지스탕스 (rejiseutangseu, résistance), 멜랑꼴리 (melangkkoli, mélancolie), 랑데 부 (rangde bu, rendez-vous amoureux)…