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Articles > Le sens des noms dans le recueil D’un soleil, l’autre

par Alexis Ulrich  LinkedIn
Couverture du livre D’un soleil, l’autre

Un monde imaginaire doit propulser le lecteur dans une autre réalité, bousculer ses repères tout en gardant certain un équilibre interne. L’onomastique, la branche de la philologie dédiée à l’étude des noms propres, participe de cet exotisme : les noms des personnages et des lieux sont la fenêtre ouverte vers ce monde, ce que nous allons voir dans mon recueil de nouvelles D’un soleil, l’autre.

Le monde où se passent les nouvelles composant cette anthologie est très influencé par les civilisations précolombiennes aztèques, mayas et incas. Certains personnages tirent leurs noms de cités des aires aztèques et mayas.

Sayil, Labnà, Acanceh, Edznà… Les personnages sur la carte

Sayil et Labnà, sa presque-femme, sont en réalité deux sites du Yucatán proches de la cité d’Uxmal, la trois fois construite, célèbre notamment pour sa pyramide du devin.

Au Kamayok Acanceh correspond la cité éponyme dont le nom signifie « le cerf qui meurt » ou « la complainte du cerf » en maya yucatèque. Le nom d’Edznà, le jeune prêtre dont on suit l’intronisation, vient aussi d’une cité du Yucatán.

Lamanai, qui veut dire « crocodile sous l’eau » en langue maya, se situe dans l’actuel Belize.

On trouve encore Tayasal, site maya éponyme situé au Guatemala, et Cholula, son épouse décédée, dont la cité de trouve bien plus au nord, dans l’État de Puebla au Mexique. Son nom signifie « le lieu où l’eau tombe » ou bien « lieu de la fuite » en nahuatl.

Pourquoi avoir choisi ces noms ? Surtout à cause de leurs sonorités. Au cours des nombreuses lectures qui m’ont plongé dans ces civilisations, des noms de cités revenaient souvent, de très connues comme Chichen Itza ou Palenque, mais d’autres apparaissaient de temps en temps, des petites cités dont on ne sait pas forcément grand-chose et dont les noms sonnaient bien. C’est dans ce stock de toponymes que j’ai pioché, découvrant après coup leur signification dans la langue locale.

D’autres personnages ont un nom à clef, une véritable signification.

Je pense bien sûr aux empereurs : Intip Churin, Killa Churin, ou encore Xux-Ek. Intip Churin, « le fils du soleil » en langue quechua, était le titre adopté par les empereurs de l’empire inca. Killa, la lune en quechua, et Xux-Ek, Vénus ou « l’étoile guêpe » en langue maya, sont les deux soleils qui sont amenés à lui succéder.

Xipe Totec représenté dans le Codex Borbonicus

La signification de Xipe Totec (« notre seigneur l’écorché » en nahuatl), personnage emblématique de la nouvelle Xux-Ek, exprime toute la nature et le caractère du personnage : il est à la fois seigneur, c’est-à-dire appelé à être empereur, mais totalement mis à nu, ayant perdu sa peau, la surface de son être. Il est coincé entre deux mondes, n’aspire qu’à quitter le rivage de cendres pour rejoindre sa destination.

Yacate, le chef de la caste des pochtecas, ou guerriers-marchands, tire son nom de Yacatecuhtli, « seigneur du nez » en nahuatl, le dieu des marchands, du commerce et des voyageurs dans la mythologie maya. Les pochtecas, mot nahuatl lui aussi, ont réellement existé. Il s’agissait de marchands qui parcouraient les routes de l’empire aztèque, tour à tour commerçants, intermédiaires et espions.


Le recueil de nouvelles D’un soleil, l’autre, avec cinq autres nouvelles, est disponible au format papier chez The Book Edition (179 pages, 11x17 cm, impression noir et blanc sur papier Munken 80g) au prix de 11,90 €.

Il est aussi disponible au format kindle chez Amazon (111 pages, 1,29 Mo) au prix de 1,99 €. Cette version ne compte que les nouvelles du cycle D’un soleil, l’autre, soit Intip, Killa, Xux-Ek et Dzule.